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L’environnement : « source d’opportunités » – Ibrahim Thiaw

@PNUE

La combinaison de la technologie et de l’environnement peut créer d’énormes opportunités, non seulement en Afrique, mais aussi à travers le monde, selon Ibrahim, Thiaw, Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Démonstration.

Par Houmi Ahamed-Mikidache

Le numérique : un atout considérable

« Beaucoup de jeunes bien formés entrent sur le marché du travail et découvrent à travers l’environnement une opportunité d’innover, de créer des emplois et de faire des affaires », a souligné récemment  Ibrahim Thiaw ,  Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), lors d’un Forum politique de haut-niveau sur le développement durable à l’ONU.

« La semaine dernière, 15 start-ups africaines ont été récompensées par le PNUE pour leurs innovations respectueuses de la planète, démontrant que  l’environnement n’est pas un fardeau, que c’est du business et qu’il y a des opportunités pour créer des emplois et de la richesse, » a-t-il affirmé à l’ONU.

Pour le Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies Pour le Développement, la combinaison de la technologie et de l’environnement peut créer d’énormes opportunités, non seulement en Afrique, mais aussi à travers le monde.

« D’ici 10 ans, vous n’aurez plus de compte bancaire, votre compte sera sur votre téléphone mobile. » Et d’ajouter : C’est au Kenya que la première transaction financière s’est faite sur un téléphone mobile  : l’Afrique est un continent qui est particulièrement ouvert aux technologies. »

Quel pourrait être le rôle de la finance durable ?

Pour le Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, investir sans tenir compte des conséquences sur le plan climatique est extrêmement risqué. « Les risques pour les investisseurs aujourd’hui sont d’ignorer le climat et d’investir dans des industries qui ne soient pas respectueuses du climat, qui ne soient pas résilientes face au climat et qui ne répondent pas aux tests du climat », a-t-il prévenu.

Récemment 11 banques d’envergures mondiales se sont engagées à travailler avec le PNUE sur la transparence climatique  et sur les marchés financiers.  M. Thiaw s’est  ainsi félicité de la réaction « très positive » du secteur de la finance, y compris de la part des compagnies d’assurances, et a salué ce début d’éveil et de prise de conscience.

« Les banques les plus intelligentes comprennent qu’il y a une dynamique mondiale, que le financement de l’action climatique est essentiel et qu’en tant que banques, elles ne peuvent pas continuer à fermer les yeux et à continuer à financer des projets qui ne sont pas adaptés au climat », a-t-il déclaré.

L’alimentation : un enjeu majeur

@PANANIGER

M. Thiaw s’est prononcé en faveur de la mise en place de modes plus rapides de consommation et de production durable, pour accélérer la mise en œuvre des objectifs du développement durable, en progression lente, selon les Nations Unies.

« Le monde doit changer de mode de vie », a déclaré le numéro 2 du PNUE. « Nous extrayons des ressources, produisons des biens dont les cycles de vie sont très courts et ensuite les rejetons comme déchets. Cette forme n’est pas viable , » s’est-il plaint.La quantité extraordinaire de nourriture qui finit en déchets alors que les besoins alimentaires des populations les plus pauvres restent très importants est déplorable, selon lui.« L’ODD 12 requiert que l’on réduise de moitié les pertes alimentaires d’ici 2030 et nous sommes très loin de cet objectif », a-t-il constaté.

L’énergie : la voie du développement

Constatant avec satisfaction le bond en avant extraordinaire dans les investissements liés aux énergies propres (solaire, éolien) et la baisse des prix de production de plus de 80%, le PNUE estime toutefois que cette tendance reste encore assez timide par rapport à l’échelle mondiale.

D’après le rapport  sur le statut mondial des énergies renouvelables publié au mois de juin dernier, les nouvelles installations de renouvelables ont battu un nouveau record, le solaire photovoltaïque compte en tête pour environ 47% de ces capacités additionnelles, suivi de l’éolien (34%) et l’hydroélectricité (15,5%). Le coût de l’électricité a baissé au Danemark, en Egypte, en Inde, au Mexique, au Pérou, et aux Emirats Arabes Unis ( 0,05 dollar/KWh).

« Dans certains pays comme les Emirats arabes unis ou le Chili, les prix de l’énergie propre sont compétitifs par rapport à ceux de l’énergie fossile », a reconnu M. Thiaw. « Mais même si les progrès qui ont été effectués sont remarquables et qu’il faut s’en féliciter, il faut aller beaucoup plus loin ».

De nombreux pays, notamment ceux en développement, ont une demande en énergie propre toujours croissante. « On n’a pas encore atteint le pic par rapport aux besoins énergétiques », a affirmé le Directeur exécutif.« Un pays comme l’Inde va continuer à avoir une demande très forte. Un continent comme l’Afrique dont les deux tiers de sa population n’a pas encore accès à l’énergie va voir sa demande croitre ». Mais, l’accès à l’ énergie est un espoir qui peut devenir réalité pour l’Afrique, si l’Accord de Paris est réellement mis en application. L’initiative d’accès à l’ énergie Afrique, annoncée en 2015 lors de la COP 21 à Paris,  bénéficie actuellement  d’un financement de 10 milliards de dollars.  Si les 54 pays d’Afrique sont électrifiés , l’Afrique sera en mesure de se développer considérablement et de lutter contre les changements climatiques, estiment de nombreux experts.

« La résolution des problèmes d’énergie permet de résoudre plusieurs autres problèmes secondaires: dans les pays pauvres, la production agricole ne suit pas ou les consommations sont faibles parce qu’il n’y a pas suffisamment d’énergie, » a-t-il souligné.  Et de poursuivre:  » Il y a beaucoup de pertes après récoltes: on produit beaucoup de légumes pour perdre jusqu’à 40 ou 50% de sa production parce que l’on ne peut pas stocker cette production pendant une période suffisamment longue ».

Un autre aspect à souligner : le dérèglement climatique, ce dernier provoque une raréfaction des ressources naturelles. Selon, le président du groupe des négociateurs africains, Seyni Nafo,  un des éléments clés dont l’Afrique a besoin c’est aussi le financement de l’adaptation aux changements climatiques.

Le Sommet sur le climat à Paris : Salutaire

Après l’annonce du gouvernement américain de sa décision de se retirer de l’Accord de Paris, le PNUE a salué l’initiative de la France d’organiser en décembre un sommet sur le climat. Les Etats-Unis des Amérique, par la voie de leur président, Donald Trump, ont récemment fait savoir qu’ils allaient réfléchir sur la question de ce retrait. Mais, l’Amérique a décidé auparavant de ne plus financer le fonds vert des Nations Unies pour le Climat. Face à ces annonces, la France est perçue comme le leader du climat.

« Le Président français, Emmanuel Macron, s’est révélé être un grand champion de la planète et ses déclarations et actions sont très encourageantes.», a affirmé M. Thiaw. Pour le numéro 2 du Programme des Nations Unies Pour le Développement, ce sommet sera l’occasion de galvaniser les Etats membres, le secteur privé et la société civile pour maintenir le cap de l’Accord de Paris.« Il faut maintenir vivace cette flamme née à Paris en 2015 » a-t-il déclaré . Et de conclure: « Nous espérons que l’initiative française contribuera effectivement à garder la barre très haute pour que les actions en faveur de la planète se poursuivent.»

 

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