Lancement du réseau de recherche international pour la Grande Muraille Verte 

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Par Houmi AHAMED-MIKIDACHE

Lancement du réseau de recherche international pour la Grande Muraille Verte 

Plus de 150 acteurs clés de la mise en œuvre de la Grande Muraille Verte se sont réunis du 25 au 26 avril à Djibouti pour le lancement du Réseau International, « Recherche, expertise scientifique et savoirs pour la gestion durable des terres et des territoires de la Grande muraille verte ».  Piloté aujourd’hui par l’Agence panafricaine de la Grande muraille verte, le projet de la Grande muraille verte est une initiative de reboisement d’un cordon de 7 000 km de long et 15 km de large, de l’Atlantique à l’océan Indien lancée par les présidents sénégalais et nigérian en 2007. C’est un projet au service des milieux et sociétés rurales en zone sahélo-saharienne qui regroupe plusieurs pays : Algérie, Burkina Faso, Bénin, Cap-Vert, Djibouti, Égypte, Éthiopie, Gambie, Libye, Mali, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Somalie, Soudan, Tchad et Tunisie

Une approche globale

Ce réseau de recherche international pour la Grande Muraille verte est décrit comme s’inscrivant pleinement dans les objectifs de développement durable, de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine et de l’Accord de Paris. « Il nous faut travailler ensemble et apporter notre connaissance scientifique, favoriser les échanges entre chercheurs et garantir un enrichissement mutuel”, a indiqué le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de Djibouti, Nabil Mohamed Ahmed.  Le Centre d’études et de recherche de Djibouti (CERD) et l’Institut de Recherche et de Développement (IRD) ont organisé conjointement cet événement dans la capitale Djibouti.  

Coordonné par l’Institut de Recherche et de Développement, ce réseau interdisciplinaire de laboratoires français et étrangers est présenté comme une opportunité pour offrir un cadre de mobilisation pour la gestion durable des terres et des territoires dans la zone de la Grande muraille verte .“ Djibouti s’engage pleinement pour assurer un véritable partenariat”,  a souligné le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche de Djibouti.  

Ce réseau de recherche regroupe plus de 150 chercheurs, 17 universités et centres de formation et de recherche des pays du Sud et du Nord. Il intègre 22 équipes de recherche du Sud, 15 unités de recherche du Nord et 4 Laboratoires mixtes internationaux de l’IRD et s’articule autour de quatre grands domaines de recherche : les sciences agronomiques, les sciences de la Terre et de l’univers, les sciences de l’environnement et des sociétés et les sciences des données.  

« Nous sommes les communautés, les problèmes et les solutions sont les nôtres.”  

Pour Valérie Verdier, présidente-directrice générale de l’IRD,  il est important de « mettre en réseau l’ensemble des partenaires qui travaillent en recherche et développement autour de la Grande muraille verte pour avancer vers des solutions durables au service des populations locales ». 

Tabi Joda, président de l’ONG Green Aid basée au Nigeria,  à l’initiative d’un mouvement pour la régénération des sols connu sous l’appellation, “one billions trees in Africa”,  regrette de n’a pas avoir été convié à cette rencontre. Depuis 2015, il travaille avec les communautés villageoises d’Afrique et plante des arbres. 

Tabi Joda de Green Aid,  avec l'initiative un milliard d’arbres pour l’Afrique
Tabi Joda from Green Tabi Joda de Green Aid, avec l’initiative un milliard d’arbres pour l’Afrique/ @ Green Aid

“ Nous sommes les personnes qui comprenons les communautés, qui vivons avec les communautés: nous avons les meilleurs idées, les meilleures recherches, connaissances et méthodologies pour atteindre les objectifs de la Grande Muraille Verte et pourtant on ne nous a jamais invités”. Et de poursuivre: “il est important de nous inclure dans ce type de rencontre, d’intégrer les communautés, nous sommes les communautés, les problèmes et les solutions sont les nôtres ».  

A Djibouti, pourtant, les scientifiques se sont prononcés pour fonctionner en synergie avec la réalité des situations locales, favoriser le développement et préserver la nature. “Le but de ce réseau est d’accompagner le programme de la Grande muraille verte dans la mise en œuvre de la gestion des terres, dont l’objectif est notamment de réhabiliter 100 millions d’hectares de terres, de créer 10 millions d’emplois et de séquestrer 250 millions de tonnes de CO2 », a précisé Oumarou Malam Issa, directeur de recherche à l’IRD, spécialisé en sciences du sol. 

Le réseau entend par ailleurs soutenir les initiatives de recherche intégrées et interdisciplinaires, ainsi que les actions de coopération scientifique Sud-Nord et Sud-Sud, le renforcement des capacités, l’échange et le partage de données, la formation et la diffusion des connaissances pour une coordination et une mise en œuvre efficace des activités et des politiques de la Grande Muraille Verte.  

« De nombreux pays expriment leur souhait d’adhérer à l’initiative de la Grande muraille verte. Les problématiques soulevées sont réelles et concernent presque l’intégralité du continent africain (désertification, changement climatique etc.) », a conclu Thiam Sakhoudia, chef de service Recherche et Développement, Agence panafricaine de la Grande muraille verte.  

Comment répondre aux attentes des populations?

Ce dispositif devrait, selon les initiateurs du réseau, permettre un cadre d’échanges réguliers entre scientifiques, décideurs, différents opérateurs de développement et responsables politiques en lien avec les zones arides et il répondrait ainsi aux attentes des populations.

Pour Tabi Joda, il est nécessaire de prendre en compte au préalable les sentiments des communautés et il s’interroge: “quelle sorte de solutions peut-on apporter  sans tenir compte des voix, des idées, sans consultation, sans l’engagement des gens sur le terrain » ?  

D’après le président de Green Aid, , 7 millions d’arbres ont été plantés en Afrique par son ONG depuis 2015. “ Nos solutions sont tangibles et mesurables et permettent de faire revivre l’écosystème et rétablir la perte de biodiversité, c’est ce que les communautés veulent voir et c’est ce que  nous faisons », souligne-t-il.  

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