La jeunesse comorienne face aux questions de développement durable

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La jeunesse comorienne face aux questions de développement durable

La fleur d’Ylang Ylang  n’est plus le produit de rente phare des Comores, le Girofle a pris sa place, suivi de la vanille, a récemment affirmé le gouverneur de la Banque Centrale des Comores . Face à près de 80%  d’ importations dans l’Union, les Comores ont  présenté, il y a quelques jours, une stratégie de développement des cultures de rente et des cultures vivrières dans les trois îles, autour de la jeunesse et  l’entrepreneuriat lors d’une rencontre à l’assemblée nationale entre le président de l’Union des Comores Azali Assoumani et la jeunesse estudiantine. Mais qu’en pense le citoyen lambda?

Portraits d’acteurs de terrain à Samba M’bodoni, dans la région d’Itsandra.

Par Houmi Ahamed Mikidache

Mohamed Mzé, l’homme aux responsabilités

Mohamed Mzé, 43 ans a toujours vécu dans son village natal à Samba M’bodoni, dans les hauteurs, situé dans la région d’Itsandra (Grande Comore). Sa motivation : aider sa famille et la soutenir  quelles que soient les circonstances. « Je suis responsable de ma famille :  quand un de nos membres proche ou éloigné est malade, je me dois de l’accompagner et de le soutenir, et je suis aussi amené à voyager avec lui. Et d’insister sur un point : « Je reviens toujours chez moi, parce que je ne souhaite pas quitter définitivement  mon village et les Comores. Mohamed n’est pas fils unique, il a un frère et trois soeurs. Il perpétue la tradition comorienne ( de la Grande Comore) en participant aussi à la construction des maisons de ses sœurs et nièces. La tradition comorienne veut que l’oncle maternel soit celui qui construit la maison de sa nièce. L’oncle maternel fait aussi office de référent parental. Mohamed n’a pas vraiment d’emploi fixe. Il cultive parfois, et il s’intéresse de très près  au développement de son village. « Je ne sais pas comment, mais je suis toujours présent lorsqu’une action de développement a lieu au village, » souligne-t-il. Il a participé à la construction de la place publique ( lieu de rencontre dans le village), des routes,  de l’installation des poteaux électriques du village de Samba M’bodoni. Mais il reste sceptique sur le rôle  des jeunes dans le développement de son village. « La jeunesse ici est animée par l’envie de quitter le pays et d’aller en France et  les jeunes d’ici  ne sont pas nombreux à penser au devenir du village, on peut en trouver deux ou trois, mais ça s’arrête là. Samba M’bodoni est pourtant connue pour sa verdure et pour l’exportation jadis de cultures de rente telles que la vanille et le girofle.

L’envie d’entreprendre de Moussa Said

Moussa Said a 36 ans est né et vit  aussi à Samba M’bodoni. Son ambition : devenir entrepreneur. Pas facile. Il a tenté à maintes et maintes reprises d’ouvrir un salon de coiffure dans le village. « Mais les gens ne payent pas. Ouvrir  un commerce dans le secteur formel est un rêve selon ce jeune homme. « Sans soutien réel, précise-t-il, il m’est difficile de devenir commerçant. » Moussa est aidé par son frère, actuellement en France. Il ne se décourage pas et se déplace  régulièrement dans les  Comores, notamment à Anjouan. Son exemple : un jeune homme originaire du village de Dzahani la Tsidjé ( Itsandra) et Mutsamudu ( Anjouan). Cet homme vend des produits du terroir entre la Grande Comore et Anjouan.  «Moussa voudrait faire de même avec les produits issus de son jardin au village. Il tient un petit jardin, à quelques minutes de son domicile. « En cultivant comme mon ami à Anjouan, même si je ne reçois pas beaucoup d’argent en vendant mes légumes, je  me sens bien, à l’aise. Et de conclure : « A chaque fois que je plante des légumes et je vois le résultat, cela me fait vraiment plaisir » explique-t-il. Moussa a planté des concombres, de la laitue des courgettes et du piment. Mais, il manque d’expérience et souhaite obtenir des informations et une formation pour mieux cultiver et vendre ses produits. Il a tout de même impulsé d’autres jeunes à travailler dans le domaine agricole. « Mon cousin Said Django  m’a suivi et plante lui aussi des légumes à Kagna Djouou ( à Samba M’bodoni, près du village de Dzahani 2 , indique-t-il.

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