Environnement : une meilleure visibilité pour l’Afrique

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houmiAlors que se préparent les négociations sur le développement durable, 20 ans après le sommet de Rio, une centaine de journalistes des quatre coins de l’Afrique se sont réunis au Congo Brazzaville du 2 au 6 juin dernier. Dans le cadre d’une conférence intitulée “quel partenariat stratégique pour l’Afrique, 20 ans après Rio?“ et d’une formation, ces journalistes ont discuté des stratégies à adopter pour une meilleure prise de conscience des questions environnementales en Afrique. Le sommet de Rio, qui vient de s’ouvrir, est l’opportunité pour ces journalistes africains d’exposer, au niveau international, les enjeux environnementaux en Afrique.

Par Houmi Ahamed-Mikidache

Organisée par le Réseau africain des journalistes de l’environnement (Anej), soutenue par l’Union africaine, le Pnue et l’Union européenne, précédée par une formation sur les Accords multilatéraux environnementaux (Ame), la conférence intitulée “Quel partenariat stratégique pour l’Afrique 20 ans après Rio?“ a permis à une centaine de journalistes africains, venus des quatre coins du continent, d’échanger leurs expériences et de comparer les situations environnementales de chaque pays.

Pour plus d’efficacité

L’Afrique est confrontée à de nombreuses difficultés liées à la mauvaise utilisation des ressources naturelles, à la pauvreté, mais aussi aux changements climatiques. Pour l’Anej, dont le président est le journaliste mauritanien Sidi El Moctar Cheiguer, “l’Afrique n’est pas historiquement responsable“. La pollution ne vient pas du continent. Alors qu’il n’enregistre que 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, il est pourtant le plus affecté. L’accès à l’énergie est toujours aussi difficile à obtenir pour 60% des Africains. L’eau devient de plus en plus rare et 300 millions de personnes n’ont pas accès à cette ressource dans le continent. L’insécurité alimentaire sonne à la porte de l’Afrique. Pour l’Anej, il est du devoir du journaliste africain d’informer et d’expliquer les conventions ratifiées par les Etats. Il est aussi important de travailler avec les chefs d’Etat. Ils sont les seuls décisionnaires.

Au Brésil, lors du sommet des Nations unies sur le développement durable Rio+20, le président congolais Denis Sassou-Nguesso sera le chef de file du groupe africain. Le choix de l’organisation de la conférence de l’Anej à Brazzaville n’est donc pas anodin. Le Congo fait d’ailleurs partie des trois bassins tropicaux forestiers les plus étendus au monde. Il a accueilli l’année dernière le sommet des trois bassins. A Rio, les journalistes de l’Anej rappelleront au monde que l’Afrique a ratifié les conventions des Nations unies sur les changements climatiques, sur la lutte contre la désertification, sur la diversité biologique, et le plan d’action mondial pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement. Mais, il ne suffit pas de ratifier des conventions. Il faut les appliquer. Souvent, ces conventions restent lettres mortes, notamment aux Comores.

L’archipel a ratifié de nombreuses conventions, comme la convention sur la diversité biologique parce que les Comores font partie des vingt îles dans le monde caractérisées pour leur biodiversité. Le pays a également ratifié le protocole de Cartagena (2000) et celui de Nagoya (2010), la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le protocole de Kyoto (2008) ainsi que la convention cadre sur la lutte contre la désertification. Mais, les Comores peinent à suivre les recommandations des conventions internationales. Il y a surtout un manque criant de ressources humaines et financières. Les îles subissent régulièrement des éboulements et des glissements de terrain. D’ailleurs, les intempéries du mois d’avril dernier ne sont pas une surprise comme le souligne le scientifique comorien basé aux Etats-unis, Abdoul Oubeidillah, dans une analyse récente publiée dans la revue Ulanga Ngazidja. “Dans un rapport de l’Onu en 2009, les Comores sont classés parmi les pays à grand risque de catastrophes naturelles. Bambao, Hambu et Dimani à Ngazidja, Cuvette, Moya, Domoni, Mutsamudu et Wani à Ndzuwani, et enfin Miringoni, Fomboni, Hoani et Wala à Mwali sont identifiées comme des régions à risque d’inondations avec des effets néfastes sur la population et les biens”. Pour l’Anej, l’Afrique ne peut pas s’en sortir sans l’aide des gouvernements africains certes, mais aussi avec le soutien financier des pays développés. Ces derniers doivent tenir leurs engagement (0,7 % du Pib pour l’aide au développement, financement du fonds vert, du programme Redd ). Dans le cadre d’un partenariat Afrique-Union européenne, l’Anej recommande aux pays développés de faciliter le transfert des technologies dans les domaines de l’énergie, l’agriculture, la santé, l’assainissement, la sécurité alimentaire, l’eau et le genre. Le sommet de Rio, qui vient de s’ouvrir, est l’opportunité pour ces journalistes africains d’exposer, au niveau international, les enjeux environnementaux en Afrique.

Source Al Watwan: Juin 2012

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