Afrique-Finance climat-Territoires: « GCLU-Afrique doit être une agence de mise en oeuvre accréditée par le fonds vert pour le climat »- Jean Pierre Elong Mbassi

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Afrique-Finance climat-Territoires: « GCLU-Afrique doit être une agence de mise en oeuvre accréditée par le fonds vert pour le climat »- Jean Pierre Elong Mbassi

25-04-2017

Jean-Pierre Elong Mbassi
Jean-Pierre Elong Mbassi Crédit Photo: CGLU-Afrique

Jean Pierre Elong Mbassi, Secrétaire Générale de Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique ( CGLU-Afrique) a récemment organisé un atelier de réflexion, à Rabat au Maroc,  sur l’accès au financement climat par les collectivités territoriales d’Afrique pour rappeler, souligne-t-il, que la finance climat en Afrique doit aussi passée par les villes. Lors de cet atelier, des mécanismes de financement disponibles, en plus du Fonds Vert Climat, ont été présentés: le Fonds pour l’environnement Mondial,  le Fonds pour les pays les moins avancés, et notamment le Fonds spécial pour les changements climatique . Entretien.

Propos recueillis par Houmi Ahamed-Mikidache

Depuis la COP 21, vous avez fait beaucoup parler des collectivités territoriales d’Afrique et de leur lutte  contre les changements climatiques. Vous avez récemment organisé un atelier de réflexion sur l’accès au financement climat par les collectivités territoriales d’Afrique. Alors, deux ans après la Conférence des Nations Unies sur le Climat à Paris et sept mois après la COP 22, êtes-vous satisfait des avancées ?

Déjà Paris, c’était une avancée certaine, du fait de la reconnaissance des enjeux du climat qui pour la première fois a été unanime dans le monde entier.  144 Etats ont ratifié  l’accord de Paris et c’est une avancée.  Vous savez que, cet accord, a pour objectif de renforcer  le rôle du fonds vert climat  pour aider les pays en développement à faire face aux risques climatiques,  à prendre une trajectoire bas carbone, pour ainsi ne pas contribuer à leur tour à l’augmentation de la température. Vous savez aussi que la plupart des Etats ont souscrit à des engagements volontaires. Mais ces engagements volontaires sont insuffisants et ne correspondent pas aux attentes de la science. Les autorités locales d’Afrique ont donc souhaité prendre une part plus importante dans la mise en place des engagements pour atteindre les 1,5 prônés par la science. Pour les collectivités territoriales, il est important que les engagements souscrits soient plus ambitieux.

A Marrakech, lors de la COP 22, on s’est intéressé à la mise en oeuvre des engagements à travers l’action.  En amont, les collectivités territoriales d’Afrique ont proposé dans une réunion tenue à Cotonou, du 8 au 10 Septembre 2016, pour faire le point sur les leçons du protocole de Kyoto. Dans le cadre de ce  protocole , il a été mis en place un Mécanisme de Développement Propre, un marché carbone qui a dégagé un certain nombre de ressources. Mais, seuls 3% de ces ressources ont atteint l’Afrique. La raison : l’Afrique ne savait pas présenter des dossiers éligibles disait-on. A Cotonou, nous avons  demandé que les collectivités territoriales bénéficient d’un guichet dédié  dans le cadre du fonds vert climat. GCLU-Afrique doit être une agence de mise en oeuvre accréditée par le fonds vert pour le climat. Nous avons  demandé ainsi à bénéficier d’une assistance technique, d’un renforcement des capacités, afin de préparer les collectivités entre 2017 et 2020. Objectifs: permettre aux  collectivités d’être en capacité de préparer des dossier éligibles.

Etes-vous satisfait des résultats?

Ces demandes ont été présentées à Marrakech à la COP 22. Elles sont été reçues sans réponse. Nous avons donc estimé nécessaire de poursuivre la réflexion et l’action, parce qu’il y a une pré-COP 23, prévue en mai prochain à Bonn en Allemagne, en vue de la COP 23 qui aura lieu en Allemagne au mois de novembre prochain, organisée par les îles Fidji. Nous pensons que nous devons insister et continuer à insister pour que les collectivités territoriales soient admises  en tant qu’agence de mise en œuvre du fonds vert pour le climat et accèdent au financement climat. Mais, pour que cela soit possible, il faut mettre tout le monde autour de la table et faire en sorte de territorialiser ces engagements. Nous avons proposé qu’un écosystème soit mis en place avec des gens du secteur privé, de la recherche, de la société civile et bien sûr les collectivités territoriales. Nous pourrons agir ensemble pour mieux attirer les ressources au niveau des collectivités territoriales.

Quelle est votre relation avec le groupe africain ? Travaillez-vous avec ce groupe ?

Oui, nous attendions ici à Rabat [dans le cadre de l’atelier sur la finance climat], M. Seyni Nafo, président du groupe, venant du Mali, mais il n’ était pas disponible ce jour-là, il était en Centre Afrique. Nous maintenons, toutefois,  des relations relativement suivies avec lui. Au moins de juin, il y aura une conférence africaine des ministres de l’environnement à Libreville dans lequel nous nous rencontrerons.

Où  en êtes-vous dans la mise en place de projets ? Avez-vous amorcé une ébauche de projets au sein de CGLU- Afrique ?

Les villes et coalitions d’Afrique se sont engagés dans la coalition mondiale des villes pour le climat et l’énergie. Cette coalition est hébergée par notre bureau régional à Accra au Ghana. Nous y avons mis une ressources pour aider à monter les projets. Nous avons soumis sept collectivités locales, avec appel à manifestation d’intérêt. Nous avons commencé à faire un travail avec ces 7 collectivités locales: Kampala en Ouganda,Bouaké en Côte d’Ivoire, Tsévié au Togo, Dakar au Sénégal,  Zou au Bénin, Lubumbashi en République Démocratique du Congo et Nouakchott en Mauritanie. Nous élargirons notre travail en fonction des succès et échecs.  Nous avons une attention particulière pour les villes moyennes qui sont les oubliées de tout ce processus. Nous voulons ainsi attirer l’attention de toute la communauté internationale des enjeux de développement de ces  villes.

Comment impliquez -vous la jeunesse dans votre sensibilisation ?

50% de la population en Afrique a moins de 17 ans.  Il est impossible de ne pas faire sans eux. Nous essayons d’encourager les villes à monter des coalitions pour les jeunes pour le climat. Ces coalitions prennent en compte la sensibilisation  des jeunes sur la problématique climat, sur les possibilités d’emploi pour le climat, les emplois verts. A la COP 22, nous avons lancé un concours dédié aux jeunes, le concours initiative climat qui s’adresse particulièrement aux jeunes, pour regarder quelles sont les initiatives  qui peuvent être primées, et servir  ainsi de modèle. Nous voulons voir les  jeunes  s’investir dans ce domaine. Nous mettons aussi à disposition des kits d’initiative, de préparation du concours.  A Marrakech,  nous avons primé une douzaine de participants. A Agadir, en septembre prochain, il s’organise le sommet Climate Chance, le réseau de la société civile pour le climat, et nous lancerons ce concours pour remarquer les actions et initiatives des jeunes qui peuvent être remarquables et imitables par l’ensemble des jeunes du continent.Ce que nous voulons c’est que ces initiatives soient mieux reconnues et mieux  intégrées  dans les stratégies des Etats.

Quel est le rôle des Médias en Afrique ?

Il est primordial. Si vous faites des choses et que personnes ne sait ce que vous faites, cela ne va pas très loin. Si nous voulons  véritablement que les enjeux du climat soient au cœur des actions publics et au cœur des investissements privés, le rôle des médias est incontournable. Il nous faut former les médias en Afrique. Nous avons lancé une initiative ici [à Rabat au Maroc], la Plateforme MADEL (Medias Africains pour le Développement Local) qui consiste à identifier les porteurs de projets innovants, et à identifier les journalistes qui s’intéressent à ces questions de  développement local et du climat. En 2013, nous avons crée cette plateforme en réponse à l’image négative de l’Afrique présentée par les médias en général. Nous avons donc crée cette plateforme pour mettre en avant les projets innovants et positifs. Nous voulons mettre en place une base de données, afin d’identifier les porteurs de projets qui donnent une autre image de l’Afrique. La plateforme se développe tout doucement, mais pas au rythme que nous voulons. Mais, j’espère que cette plateforme sera plus dynamique. Nous allons d’ailleurs nous y atteler.

 

 

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