Niger- Sani Ayouba: « Nous demandons l’opérationnalisation du fonds pour la jeunesse »

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Niger- Sani Ayouba: « Nous demandons l’opérationnalisation du fonds pour la jeunesse »

Dans le sahel, la jeunesse est de plus en plus active dans la rue, sur les réseaux sociaux,  lors de manifestations. Elle  se positionne en futurs leaders de leurs pays.  Sani Ayouba, du Niger, la trentaine,  en fait partie. Il a organisé récemment un «  week end » sur le leadership environnemental. Portrait.

 

Par Houmi Ahamed-Mikidache

 

On le voit partout. Sur les réseaux sociaux et dans la rue. Il est omniprésent. Cet activiste environnemental, co-fondateur et Directeur Exécutif de l’ONG Jeunes Volontaires pour l’Environnement au Niger fait partie des figures montantes de la société civile du sahel. L’environnement : un élément fondamental dans son pays, dont les richesses sont multiples et la pauvreté grandissante. D’après le Programme des nations unies pour le développement (Pnud), le Niger  occupe le 187ème rang sur les 188 pays concernés par le rapport sur le développement humain sur l’année 2016. Sani Ayouba en est conscient et lutte pour un meilleur accès à la connaissance environnementale. Parce que l’écologie est une passion et une source de développement économique. Il le découvre  en 1997.  Son leitmotive:  » la terre ne trahit jamais ».

 

Déterminé

 

« Ma sensibilité pour l’écologie s’est développée à travers les activités de découverte de la nature dans le cadre du scoutisme », explique-t-il. Il  participe alors  à plusieurs « camps chantier de reboisement » dans tout le Niger. Depuis, il se passionne pour tout ce qui a attrait à la préservation de l’environnement. « Je me suis senti particulièrement concerné par les changements climatiques et les répercussions sur la population. »

Aujourd’hui, il dispose d’un master en gestion de  projet et un autre en communication. Il  a récemment obtenu un certificat en gestion durable de l’environnement de l’université de Californie à Berkeley aux Etats Unis. Il voyage énormément. Dans son pays, mais aussi dans le pays de l’Oncle Sam. En 2014, il est élu observateur de la société civile africaine sur la résilience climatique au sein du fond d’investissement Climatique de la Banque Mondiale.

Samedi dernier , il organise un week end sur le leadership environnemental, une initiative de son ONG, Jeunes Volontaires pour l’Environnement et du Réseau « Young African Leader Initiative » Objectif : engager les jeunes dans la préservation de l’environnement et la promotion d’une citoyenneté responsable.  « C’est une série d’activités permettant aux jeunes d’apprendre, de découvrir et de préserver l’environnement, » décrit-il. Son contenu : un atelier sur le leadership environnemental, une soirée culturelle écologique, un reboisement d’espèces végétales locales et fruitiers, et une excursion sur le site de construction du barrage hydro-électrique de Kandadji, situé à Dessa au sud d’Ayerou sur le fleuve Niger.

Perplexe

Le barrage hydro-électrique de Kandadji  devrait permettre une meilleure électrification du Niger et un accès à l’eau potable. Mais le projet de construction fait polémique, notamment concernant son retard et son financement. Pourtant le projet a été lancé en 2008. En 2012, la Banque Mondiale s’est engagée à prêter au Niger 203 millions de dollars pour la construction de ce barrage. La France a octroyé un financement de 50 millions d’euros. La deuxième phase du projet a démarré en avril 2017.

Pour ce jeune nigérien, la présence étrangère dans son pays doit être positive. « Normalement cette présence doit se focaliser sur le triptyque : Renseignement, formation et intervention.  A ce niveau, on peut dire sans doute que cela contribuera au développement du pays à travers le maintien de la sécurité, » affirme-t-il.  Mais il reste perplexe quant à l’efficacité du système de sécurité mis en place : «   Souvent on ne comprend pas que cette forte présence ne parvienne pas à arrêter certaines attaques surprises et autres attentats des groupes terroristes : la collaboration avec les forces de défenses et de sécurité doit être renforcée ainsi qu’avec les communautés, » préconise-t-il. Selon cet activiste engagé, les bénéfices de l’exploitation des ressources naturelles du Niger doivent être mieux redistribuées  à la population et à la jeunesse en particulier.«   Nous  voulons une meilleure visibilité des retombées de l’exploitation des ressources minières dans le budget national et nous demandons l’opérationnalisation du fonds pour la jeunesse », » exhorte le jeune homme.

Une aptitude à fédérer

L’un des fers de lance de Sani Ayouba est son aptitude à fédérer. En amont de la Conférence des Nations Unies sur le climat au Maroc en 2016 , Sani Ayouba  a lancé une campagne de sensibilisation sur le climat au Niger. Il est alors l’un des acteurs principaux* de la réalisation d’un clip de rap intitulé : « le climat change et toi » . Ce clip dont les langues sont différentes (Zarma, un dialecte, Haoussa et  Français) a été diffusé   sur les réseaux sociaux et sur plusieurs chaînes de télévision publiques et privées. «  Lors des 10 séances de sensibilisation dans les trois régions d’intervention [Niamey, Dosso,Tillabery], nous avons distribué 200 copies de DVD, dont 20 ont été distribués dans les Centres des Jeunes à des fins pédagogiques,» souligne l’activiste. Pour ce jeune homme passionné, ce clip a aussi permis aux artistes d’accroître leur compréhension sur les changements climatiques et a suscité des réactions. «  Les artistes se sont impliqués et c’est positif, parce qu’ils sont de véritables vecteurs de transmission auprès de la jeunesse, » fait-il remarquer.

 

Depuis 2014, Sani Ayouba encourage les femmes, à travers son ONG, à s’impliquer dans la lutte contre les changements climatiques, par l’utilisation de la  technologie du four à balle de riz comme substituant au bois énergie. « Cette technologie permet aux femmes de cuisiner rapidement, de préserver leur santé à travers l’absence de  fumée et de préserver les forêts via la réduction voire la non utilisation du bois, » explique-t-il. D’après le FMI, le Niger présente le plus fort taux de fécondité au monde, avec 7 enfants par femmes et une croissance rapide dans les cinq à quinze prochaines années. Le Niger, selon l’institution internationale, pourrait bénéficier de cette  croissance rapide en adoptant une politique structurelle intégrant la jeunesse dans le développement par le partage des ressources naturelles notamment. Une recommandation en lien direct avec la demande du jeune activiste.

 

 

 

 

 

*Avec Issa Garba notamment

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