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L’initiative d’accès à l’Energie en Afrique sous contrôle – Analyse

Par Houmi Ahamed-Mikidache

Paris-01/07/2017

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La polémique

Le conseil d’administration de l’initiative d’Accès à l’énergie en Afrique (AREI en anglais) devrait avoir lieu prochainement pour décider entre autres de la nomination du directeur en charge de la mise en œuvre des projets, suite à la démission récente de Youba Sokona,  scientifique malien de haut niveau.

Une polémique  autour de cette initiative  est de plus en  plus prononcée et diffusée dans les médias. La France et l’Union Européenne sont accusés d’ingérence.

Annoncée lors de la COP 21 en 2015 à Paris pour un financement de de 10 milliards de dollars, l’initiative d’accès à l’énergie en Afrique pose question au sein de la société civile. Le réseau panafricain pour la justice climatique PACJA , soutenu récemment par un collectif représentant plus de 100 Organisations Non Gouvernementales ont manifesté récemment leur mécontentement.“ Nous nous opposons particulièrement à ce que la France et l’Union Européenne prennent avantage sur la gouvernance et l’approbation de 19 projets, qui pour certains ne sont pas alignés aux critères de l’AREI et le financement sont fondés sur des hypothèses peu réalistes,” a affirmé ce groupe d’ONG dans une déclaration visible sur internet.

Pour PACJA, les projets ont été adoptés par le conseil d’administration, malgré l’opposition de certains pays africains et institutions. Mais d’après Seyni Nafo,   président du groupe africain des négociateurs à la Convention Cadre des Nations Unies sur les  Changements Climatiques, »Il n’y a pas de mainmise de l’Union Européenne et de la France, » et  la démission de  M.  Sokona s’explique par un déficit de cadre de gouvernance. M. Nafo recommande un encadrement africain plus structuré pour une meilleure transmission de l’information. »Avec un cadre de gouvernance adopté suivi d’un programme de travail établi et des ressources disponibles, cela permettra une meilleure  communication entre les différents acteurs, ONG y compris, » a-t-il précisé.

Les investisseurs

Au mois de mars dernier, lors d’une réunion du conseil d’administration de l’Initiative d’Accès à l’Energie à Conakry (République de Guinée),   l’Union Européenne a présenté une série d’investissement sur 19 projets d’accès à l’énergie en Afrique, d’une capacité de 1,7 Gigawatts.

D’après un communiqué de l’Union Européenne, ces investissements répondent aux défaillances et échecs de développement et de financement de projets dans le domaine de l’énergie en Afrique. Ces projets ont été préparés et proposés à l’Union Européenne pour être co-financés par l’Agence Française de développement, la Banque Africaine de développement, la Banque d’Investissement Européenne, le groupe KfW, le Group de développement privé des infrastructures (PIDG), ElectriFI/European Development Finance Institutions (EDFIs) Management Company, Proparco, et la Nederlandse Financierings-Maatschappij voor Ontwikkelinglanden N.W ( FMO). A noter que l’initiative africaine d’accès à l’énergie est logé au siège de la Banque Africaine de Développement.

Vers le développement durable

La majorité de ces investissements seront centrés sur les énergies renouvelables en Guinée, au Nigeria, au Bénin, Niger, Tchad, Rwanda, Ethiopie, Tanzanie, mais aussi en Afrique centrale et dans l’Océan Indien.Selon l’Union Européenne, les 19 projets vont contribuer aux objectifs de la Commission Européenne pour 2020. Cela permettra aussi à l’Afrique de débloquer son potentiel d’énergie renouvelable de 300 gigawatts d’ici 2030.

Le fonds de développement de l’Union Européenne s’est engagé à investir environ 2,7 milliards en Afrique subsaharienne pour la période 2014-2020.Ainsi, plus de 30 millions de personnes auront accès à l’énergie durable et les émissions de gaz à effet de serre seront réduits de 11 millions de tonnes de CO2 par année, et contribueront à stimuler 5 Gigawatts d’énergie renouvelable en Afrique, soit la moitié des objectifs clés de 10 gigawatt d’ énergie renouvelable en Afrique à atteindre pour 2020. Mes les ONG doute de la fiabilité de ces promesses. La nomination temporaire de M. Nafo comme directeur d’AREI est tout de même saluée par la société civile.

Seyni Nafo: la relève?seyninafo2

Lors d’une conférence de presse à l’issue de la session de négociations à Bonn au mois de mai dernier, Ségolène Royal, alors ministre de l’environnement, a affirmé que le conseil d’administration a nommé Seyni Nafo comme directeur de l’initiative d’accès à l’énergie en Afrique. Mais pour M. Nafo, ambassadeur du Mali, rien n’a changé dans ses fonctions officiellement.

« Soyons très clairs, j’ai été informé que ma nomination a été soumise. Je suis ambassadeur, conseiller spécial d’un chef d’Etat. Jusqu’à preuve du contraire et le groupe africain a été informé de cette soumission de nomination par le président Condé et son cabinet, mais, mon président n’a pas été informé  et je n’ai reçu aucune instruction de mon chef d’Etat. »

 

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