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La finance climatique: Fondamentale pour la COP 22

Par Houmi Ahamed-Mikidache

Accord de Paris

« Je veux que la question de la mise en place des financements soit réglée  avant  l’ouverture de la COP 22 ». Pas facile. Mais c’est le souhait exprimé par la présidente de la COP 21, et la ministre française de l’environnement,  Ségolène Royale, il y a une semaine, lors d’une conférence de presse sur l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris.

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Ségolène Royal Ministre française de l’environnement

L’accord de Paris entrera en vigueur  le 4 novembre prochain. Les deux seuils nécessaires ont été franchis :  celui des 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre couvertes par les Parties et celui des 55 pays. « Si nous avons pu passer les seuils requis si rapidement, c’est parce que les plus importants émetteurs de la planète, notamment les États-Unis, la Chine, l’Inde ainsi qu’un certain nombre d’États membres de l’UE, ont reconnu le besoin de prolonger l’élan de Paris en se rassemblant pour mettre en vigueur cet accord le plus tôt possible, » explique le Secrétaire d’Etat John Kerry récemment, dans un communiqué.

Les défis

Mais plusieurs problématiques demeurent : atteindre les 1,5% d’ici 2100 n’est pas si simple. Les plans nationaux  sont loin du compte, ils atteignent   3% et le  financement climat reste une énigme, pour de nombreux experts.

L’accord de Paris prévoit une révision, tous les cinq ans, des plans nationaux. Pour le financement climat, c’est différent. Plusieurs mécanismes de financements existent mais atteignent difficilement les pays en voie de développement, surtout en Afrique. En 2009, lors de la conférence des Parties à Copenhague,  un financement de 100 000 milliards de dollars par an, destiné aux pays en développement,  à partir de 2020 avait été annoncé. Un des canaux principaux de ce financement est le fonds vert de l’ONU. Or, à ce jour, ce fonds n’est doté que de plus de 10 milliards de dollars américains. Toutefois, la ministre française l’assure, «  le fonds verts va être  boosté ».  Ce sont ses mots.

Le Fonds Vert

«  Le Fonds Vert pour le Climat des Nations Unis  dispose de  10 milliards dollars, ce qui est plus qu’assez pour conduire un vrai changement : c’est un signe positif, »  précise dans une récente interview,  Paul Steele,  chef économiste de  l’ Institut International pour l’Environnement et le Développement .

Pour l’IIED, le procédé d’accréditation doit changer. Le conseil d’administration du fonds vert devrait accepter l’accréditation des gouvernements locaux plutôt que les agences multilatérales. « Cela permettrait d’atteindre plus facilement les nécessiteux, » fait remarquer l’économiste de l’IIED.

Une des recommandations publique  de L’IIED auprès du  Fonds Vert  est la demande d’’accréditation des ministères des gouvernements locaux de la Tanzanie et du Mali  . Pour  l’Institution basée en Angleterre , le  fonds vert  doit  prendre en considération  le secteur  privé, notamment les petites et moyennes entreprises des pays les moins avancés.

« Le Fonds doit avoir une politique claire sur le soutien  aux  petites et moyennes entreprises, » explique Steele. Dans les pays les moins avancés, les investissements privés pour l’adaptation doivent être mobilisés, en facilitant la recherche et le développement,  la technologie,  et l’assurance pour la résilience  du climat de l’agriculture et des infrastructures, »précise –t-il.

L’Adaptation

L’adaptation, parent pauvre du financement, fait l’objet de nombreuses discussions, ces  derniers mois. Récemment, plusieurs ministres africains se sont prononcés pour une meilleure représentation et un meilleur financement  de l’ Adaptation Africaine de l’agriculture  à travers une déclaration, la déclaration de Marrakech.

La question du financement climat comporte deux volets : public et privé.  Le financement climat répertorié dans le dernier rapport de l’OCDE venait essentiellement du public et seuls 16% était consacré à l’adaptation ,  rapportent les experts.

Aide publique au développement

Le président du groupe des Pays les Moins Avancés et membre du conseil d’administration du fonds vert, Tosi Mpanu Mpanu , interviewé il y a quelques mois par Public Finance International, a soulevé la problématique du manque de définition de la finance climatique. Conséquences : un manque de clarté dans la description et une méthodologie partiale. Pour lui, la finance climatique doit être nouvelle et additionnelle.

Aujourd’hui, même s’il n’y a toujours pas de définition du financement climat, les spécialistes s’accordent à dire que l’aide publique au développement  est tout de même intégrée dans le financement climat, même si en théorie, ce n’est pas normal . Si cette l’aide publique venait à baisser, c’est le financement climat  qui baisserait, expliquent les observateurs.

Selon Oxfam «  le quinquennat du président français François Hollande restera marqué par une amputation de 20% des crédits budgétaires , soit près de 700 millions en moins pour lutter  contre les changements climatiques. »

Avec le Brexit ( Britain Exit), la sortie de l’Angleterre de l’Union Européenne peut-elle impactée  le financement climat ? Non, rétorque fermement la ministre française de l’environnement, lors de la conférence de presse sur l’accord de Paris.

«  Le Royaume Uni a réaffirmé très clairement son intention de ratifier l’accord de Paris : il sera dans les obligations, dans les droits et les devoirs de l’accord de Paris. »

photo Nafo
Seyni Nafo Président du groupe des négociateurs africains

 

Pourtant, pour  Nafo, le Brexit pourrait  avoir de graves conséquences sur plusieurs aspects liés au financement climat.  Le groupe des négociateurs africains a étudié plusieurs hypothèses néfastes pour l’Afrique.

«  Si l’Angleterre  sort de l’Union Européenne, le financement destiné à l’aide publique au développement ou qui est destiné à l’Afrique va  être réduit :  il y aura moins de transferts entre l’Union Européenne et l’Angleterre. Et d’ajouter : Peut-être que l’Angleterre n’aura pas  une cible d’atténuation importante, peut-être que l’Union Européenne sera obligée de baisser sa cible d’ambition, dans les 40% [présentés à la COP 21].

Quel est le rôle de l’Angleterre dans le financement climat ?

« L’ Angleterre fait partie des pays européens qui ont le plus d’ambition, notamment dans la question d’énergie,  dans la réduction des émissions et dans la question des financements. C’est quand même l’un des rares pays européens  où l’aide publique au développement a été maintenue et même augmenté sous un gouvernement de droite, »  rappelle le président du groupe des négociateurs africains.

Comment atteindre alors les 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 ?

Selon Nafo, en réalité, la réponse climatique vient des Etats Africains et de leur budget.  « Ce n’est pas du co-développement, » rappelle-t-il.

A Paris, lors de la COP 21, de nombreuses réunions bilatérales et multilatérales ont lieu et des engagements ont été pris. Plusieurs réunions sur le financement ont eu lieu cette année, notamment sur le financement des pertes et dommages.

Un cadre de suivi  sur les mécanismes de financement  annoncés à Paris va être mise en place par les négociateurs africains  afin que  les ministres africains interpellent les partenaires pendant  la COP 22 ,  d’après le président du groupe des négociateurs africains à la CNUCC .

Akinwumi Adesina, président de la Banque Africaine de Développement s’est récemment exprimé sur l’importance de la question du financement pendant la COP 22 .

Regardez la vidéo ( en anglais)

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