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COP 22- Les villes et territoires : enjeu de développement durable ( Etudes)

En 2030, 325 millions de personnes extrêmement  pauvres dans le monde vivront en Afrique subsaharienne et la population africaine sera majoritairement urbaine, selon les prévisions  présentées dans le business plan pour le climat en Afrique de la Banque Mondiale. Les villes auront un rôle majeur dans le développement durable. Explications.

Par Houmi Ahamed Mikidache

07-09-2016

Contexte

 

En 2030, 325 millions de personnes extrêmement  pauvres dans le monde vivront en Afrique subsaharienne et la population africaine sera majoritairement urbaine, selon les prévisions  présentées dans le business plan pour le climat en Afrique de la Banque Mondiale, introduit en marge de la COP 21 au mois de décembre 2015 par le président de la Banque Mondiale, Jim Yong Kim, accompagné par plusieurs présidents africains, du Gabon, du Togo et du Sénégal, suivis du Premier Ministre de Sao Tomé et Principe. La République Démocratique du Congo, l’Ethiopie, le Kenya, Madagascar, le Nigeria, le Soudan du Sud, Soudan et Ouganda sont parmi les pays les plus exposés au risque de pauvreté  résultant des catastrophes naturelles.

Pour les experts, les citadins pauvres des villes sont les plus exposés aux changements climatiques.  Sans aucune ressource, ils  vivent actuellement dans des zones à risques ( zones humides, plaines inondables, décharges, dépotoirs, zones rocheuses, érosion côtière). Mais quelle est la solution ? Comment faire pour que les villes deviennent des moteurs de croissance durable ?

L’Approche régionale

Le tourisme côtier représente plus de 11 milliards d’euros par an en Afrique, soit 49% des ressources marines et côtières totales, relève le business plan de la Banque Mondiale. Ce plan vise à  favoriser un développement sobre en carbone. Son coût :  19 milliards de dollars américains, dont 670 millions de dollars devraient être consacrés à l’économie bleue.

Westin Turtle Mauritius
Westin Turtle
Mauritius

 

Nombreuses sont les populations africaines  à vivre près du littoral. Ce dernier procure tout de même 56% du PIB aux Etats Côtiers d’Afrique de l’Ouest. Mais cette région fait face  aux inondations et à l’érosion, tout comme les Petits Etats Insulaires en Développement d’ Afrique,  du Pacifique et des Caraïbes.

Pour lutter contre l’érosion côtière en Afrique de l’Ouest, les gouvernements font appel depuis quelques années au programme WACA.

 

 

A quoi sert le programme WACA ?

Le Programme de gestion du littoral ouest Africain ( WACA en anglais), lancé en 2014 par la Banque Mondiale, en partenariat avec  l‘Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), et le Fonds Nordique de développement, fournit une assistance technique aux pays luttant contre l’érosion côtière ainsi que les inondations. C’est une plateforme de mobilisation permettant aux pays ouest africains de gérer durablement le littoral et d’être résilient aux effets des changements climatiques.

Cette plateforme intervient  plus de vingt ans après les différents programmes de gestion durable du littoral par notamment la Banque Africaine de Développement, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ( CEDEAO), l’agence allemande pour la coopération internationale. Ce programme est intégré dans le business plan pour le climat de la Banque Mondiale et  a été lancé à Paris au mois de décembre dernier. Le groupe de la Banque Mondiale se lie à de nombreux partenaires pour plus d’efficacité. Auparavant, plusieurs études  et orientations stratégiques similaires ont été soumises. Mais  la mise en œuvre concertée faisait défaut, selon Melissa Landesz, spécialiste des ressources naturelles à la Banque Mondiale.

Comment se décline le programme WACA ?

Trois principaux axes d’intervention : le suivi de la gestion et de la planification du  littoral,  l’appui au programme régional de pêche en Afrique de l’Ouest ( PRAO), traitant notamment de la pêche illégale, et l’appui aux  plans d’investissement tels que  la construction d’infrastructures lourdes et écologiques comme les réseaux de transport, ou la préservation des zones naturelles. Le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire sont les premiers pays à  intégrer le programme WACA. Le Nigeria vient de faire sa demande officielle auprès de la Banque Mondiale et le Sénégal ne devrait pas tarder à s’insérer, selon Landesz.

Que va faire le Grand Lahou ?

La ville du Grand Lahou, en Côte d’Ivoire,  est un site pilote choisi par le gouvernement. Elle dispose d’un programme multisectoriel qui devrait  commencer  avant 2017. Cette ville,  confrontée à un problème d’érosion côtière, a un très fort potentiel touristique et une pêche durable à développer , selon Landesz.

«  Avec le programme WACA, elle va y avoir un impact direct sur les communautés : nos gouvernements les impliquent totalement. Il y a d’ailleurs un effort pour permettre aux collectivités d’avoir davantage de responsabilités et  de moyens pour des réponses immédiates et à long terme, » explique Jean Djaya, député-Maire du Grand Lahou.

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Député Maire du Grand Lahou Jean Djaya

Mais pour  le député-Maire ivoirien, créer une plateforme de rencontre entre élus permettrait de faciliter la mise application de  l’approche régionale de gestion durable du littoral.

« Seuls, on n’est vulnérable : dans le cadre du programme WACA, nous voulons mettre en place un réseau de toutes les villes côtières touchées par l’érosion côtière, »  indique-t-il.

Quels seront les résultats ?

Cette approche régionale ambitionne de favoriser le dialogue, l’échange d’expérience et de faciliter  le financement concerté des projets nationaux et régionaux. Les pays pourraient  aussi faciliter l’établissement d’un observatoire du littoral ouest africain, la surveillance  du littoral au niveau national pour lutter contre l’érosion. L’observatoire régional permettrait ainsi aux pays et aux agences régionales d’obtenir des données en temps réel et des informations utiles à la gestion des risques d’érosion côtières et d’inondations.

« Il y a un besoin urgent de permettre à l’Afrique d’obtenir les ressources financières  et technologiques requises afin que le continent  puisse faire face aux mesures d’adaptation et d’atténuation aux changements climatiques pour  atteindre le développement durable, » réitère le premier ministre Mauricien Anerood Jugnauth, lors  de la conférence ministérielle sur l’économie des océans et les changements climatiques à Maurice récemment.

Face à la menace de disparition des  Etats Insulaires, les gouvernements se mobilisent. L’Accord de Paris vient d’être  été ratifié par la Chine et les Etats-Unis, «  les deux principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre ». Une trentaine de pays ont ratifié le texte de Paris. Cet accord entrera en vigueur le 30e jour suivant la date à laquelle au moins 55 Parties à la Convention représentant un total d’au moins environ 55% des émissions mondiales totales auront déposé leurs instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion auprès du dépositaire des Nations Unies à New York, rappelle le secrétariat de la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques.

Pour Jamal Saghir, conseiller régional principal pour l’Afrique à la Banque Mondiale, un paquet de mesures consacrées  à l’économie bleue en Afrique devrait  bientôt être présenté au conseil d’administration du fonds vert. A ce jour, selon ce conseiller de la Banque Mondiale, aucun projet lié à l’économie bleue n’a fait l’objet de financement venant de ce fonds. A suivre.

 

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